Acheter des produits reconditionnés : bien choisir un serveur

La fabrication d’un produit électronique représente 80 % de la pollution totale (chiffres de l’ADEME, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Pour extraire quelques grammes de minerais nécessaires à la fabrication de tels produits, il faut excaver plus de 200 kg de matière première (dont des terres rares), soit 800 kg rien que pour un ordinateur.

Les composants électroniques sont fabriqués par des pays en développement où l’électricité provient encore du charbon, composants qu’il faut ensuite transporter, soit l’équivalent à 73 % des gaz à effet de serre produit par un appareil au long de sa vie.

Sachant que moins de 40 % des DEEE (déchets d’équipements électroniques et électriques) de l’Union européenne sont recyclés, il est plus aisé de comprendre les enjeux du réemploi de ces produits, notamment par le reconditionnement. Découvrons comment bien choisir ses produits reconditionnés, et plus spécialement un serveur.

Comment bien choisir un serveur reconditionné ?-1

Choisir un serveur reconditionné : de nouvelles pratiques à instaurer 

Pour nombre d’entreprises, de collectivités, ou encore d’administrations publiques, le serveur informatique est un équipement indispensable à l’activité de chaque entité. 

Il s’agit d’un super ordinateur capable de traiter des charges de travail colossales, de stocker toutes les données d’une structure et d’exécuter un grand nombre d’applications diverses. Plus encore, il est spécialement conçu pour relier tous les ordinateurs utilisateurs entre eux via un réseau informatique, lui-même relié et hébergé par d’autres serveurs dans des centres informatiques (data center).

Se lancer dans une politique de numérique responsable en favorisant l’achat de produits reconditionnés est louable. Mais, avant même d’acheter un serveur reconditionné, certaines pratiques sont à changer pour qu’un tel investissement soit d’autant plus efficace.

Les serveurs informatiques : état des lieux

Ainsi, un réseau informatique professionnel (au sens large du terme), regroupe trois tiers : les utilisateurs (et chaque équipement individuel qu’ils utilisent), le serveur réseau et les data centers. 

Chaque tiers a sa responsabilité dans la pollution numérique. Selon une étude réalisée par Green IT (collectif pour le responsable numérique), les utilisateurs se positionnent sur la première marche du podium à hauteur de 64 à 91 % des impacts environnementaux, avec : 

  • 15 à 24 % des impacts du numérique pour les ordinateurs (portable ou de bureau) ;
  • 64 % de la consommation d’énergie ;
  • 84 % de GES (gaz à effet de serre). 

 Loin derrière, le réseau informatique d’une entreprise moyenne représente :

  • 21 % de la consommation énergétique de l’entreprise ;
  • 10 % des émissions de GES ;
  • 15 % de ressources (indicateur de contribution à l’épuisement des ressources non renouvelables).

Au regard de l’usage intensif des centres informatiques, leur impact reste modéré, bien qu’énergivore. Cela s’explique notamment par l’utilisation de la fibre optique (technologie à base de lumière moins énergivore que l’électricité) et la mutualisation des équipements. L’impact des réseaux se concentre donc principalement au niveau des entreprises et des utilisateurs par l’effet de capillarité : chaque entreprise possède son propre réseau et chaque utilisateur son poste de travail doté de plusieurs équipements individuels.

Les serveurs informatiques : les bonnes pratiques pour réduire leur consommation

Le choix d’un serveur reconditionné repose sur des caractéristiques techniques que seul le service informatique est en mesure de définir en fonction des besoins :

  • le type de serveur (Tour, Rack ou Blade) ;
  • le processeur et sa vitesse d’exécution exprimée en GHz (technologie Intel Core ou Xeon) ;
  • la mémoire vive (RAM) ;
  • le type de disque dur selon la vitesse d’écriture nécessaire (SATA, SAS, SSD) ;
  • le nombre de RAID (sauvegarde en miroir des informations) ;
  • l’alimentation (utilisation ou non d’un onduleur) ;
  • le système d’exploitation (Windows, iOS d’Apple, Linux, etc.).

Comme la performance nécessaire du serveur (et donc son impact environnemental) dépend de son utilisation dans l’entreprise, le numérique responsable suppose alors de réduire les pratiques énergivores des utilisateurs afin de limiter les besoins de performance pour ainsi choisir un serveur « écologique ». Voici quelques bonnes pratiques : 

  • optimiser le stockage des fichiers pour éviter les sauvegardes en plusieurs exemplaires d’un même document ;
  • privilégier les produits multifonctions au lieu de plusieurs appareils distincts pour réduire la charge de travail du serveur reconditionné ; 
  • mettre en place des outils de communication instantanée pour réduire le recours à la messagerie email (augmentation de la consommation et des besoins de stockage du serveur) ; 
  • réduire le nombre d’objets connectés en simultané au serveur.

Le responsable numérique, composante à part entière d’une politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), a donc une dimension bien plus large que le seul achat de produits éco-responsables (achats solidaires, éthiques, verts, etc.).

Comment bien choisir un serveur reconditionné ?-2

Choisir un serveur reconditionné : quelques informations pratiques 

Sans trop entrer dans les détails techniques des serveurs que seul un informaticien saura interpréter et comprendre, nous souhaitons tout de même apporter quelques pistes de réflexion quant aux différentes technologies disponibles sur le marché afin de faire un choix responsable.

  1. Serveur Tour, Rack ou Blade, il s’agit avant tout d’une question du besoin informatique et de place disponible. Les serveurs Rack ou Blade sont plus compacts et modulables, ils peuvent alors être plus facilement adaptés.
  2. Le processeur d’un serveur exécute et coordonne les différents traitements. Ainsi, il doit être suffisamment puissant et posséder un nombre de « cœurs » (Core) approprié (Intel Dual Core ou Intel Quad Core par exemple). Cela dépend du nombre d’utilisateurs et du système d’exploitation utilisé (par exemple, « Windows server partagé » est particulièrement consommateur). Lorsque l’entreprise travaille principalement via le Cloud, un processeur Xeon peut être plus performant qu’un modèle Core.
  3. Le système d’exploitation du serveur (Windows, iOS, Linux, etc.) doit être le plus récent possible et être compatible avec les logiciels applicatifs utilisés par l’entreprise.
  4. La mémoire vive (RAM) est le support de stockage à court terme. Plus une entreprise utilise de programmes simultanément et plus la mémoire vive du serveur doit être importante (minimum 32 Go). En outre, il faut s’assurer que le serveur reconditionné permet l’ajout de barrettes RAM selon l’évolution des besoins.
  5. Le disque dur est le lieu de stockage du serveur. Les principaux types de disques en matière de serveurs sont les SATA, SAS et SSD. Les deux premiers ont une vitesse d’écriture moindre par rapport au modèle SSD qui utilise une mémoire de stockage flash (puces au lieu de disques). Le SSD est alors plus performant et surtout plus durable, car moins fragile.
  6. Le RAID est une technologie qui permet de répartir les données sur le serveur et de faire des sauvegardes en miroir, c’est-à-dire une copie en temps réel. Le nombre de réplications dépend du modèle (RAID 1 à RAID 10). Il s’agit là de faire le bon compromis entre sécurisation des données et pratique numérique responsable.

Enfin, le choix du fournisseur ou vendeur de produits reconditionnés est tout aussi important, ne serait-ce que pour la garantie d’éviter les arnaques ou malfaçons. Un bon fournisseur doit alors certifier le respect de points de contrôle et de test lors du reconditionnement, garantie d’une réelle remise à neuf. 

Il doit également permettre de configurer le serveur reconditionné au cas par cas (processeur, RAM, technologie du disque dur, etc.) et accompagner l’entreprise dans le choix de la meilleure solution, tant sur sa performance que sur son engagement numérique responsable. Dans un tel cadre, le prix du serveur reconditionné sera probablement plus élevé, car la performance n’est plus le seul critère de choix.

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