Choisir du matériel informatique éco-responsable : les bonnes pratiques
Toute entreprise privée ou publique, collectivité, organisme, etc. qui s’interroge sur la façon d'intégrer le numérique responsable dans sa politique d’achats se pose également une autre question à un moment donné de sa réflexion : celle du choix du matériel informatique éco-responsable.
En effet, alors que de plus en plus de structures, conscientes de l’impact du numérique aujourd’hui, cherchent à s’inscrire dans une démarche éco-responsable pour réduire leur empreinte écologique et sociale, elles sont tout aussi nombreuses à ne pas vraiment savoir comment faire en pratique.
Comment choisir du matériel informatique éco-responsable ? Et, qu’est-ce qu’un produit éco-responsable ? Comment s’assurer que les appareils écologiques tiennent leur engagement ?
Voilà autant de questions que se pose tout décisionnaire ou service achats d’une structure, et auxquelles nous souhaitons apporter des réponses.
Matériel informatique éco-responsable : définition
Si 80 % de la pollution générée par une voiture provient de son utilisation, ce constat est proportionnellement inversé en matière d’appareils électroniques : 80 % de la pollution intervient au moment de la fabrication. Pour un ordinateur, elle représente 240 kilos d’énergies fossiles, 22 kilos de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau.
Cet état des lieux a pour avantage de mettre en avant l'une des problématiques actuelles auxquelles sont confrontées les entreprises et collectivités dans leur politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Toutefois, la fabrication n’est pas le seul maillon faible de la chaîne de vie d’un équipement électronique. Son recyclage, bien que noble et louable, est une action tout aussi énergivore que sa fabrication.
Ce qui précède permet donc de se faire une idée plus précise de ce qu’est un matériel informatique éco-responsable.
Matériel informatique éco-responsable : la consommation d’énergie
Tous les appareils (ordinateurs, imprimantes, serveurs, etc.) ne consomment pas la même quantité d’énergie. Certains sont plus ou moins énergivores que d’autres, et cela trouve son explication dans les performances de l’appareil.
En effet, lorsqu'on utilise un ordinateur, par exemple, ses capacités ne sont pas toutes utilisées, ce qui créer d’importantes pertes énergétiques et une émission de gaz à effet de serre. Tout l’intérêt est donc de choisir un appareil correctement dimensionné pour le travail qu’il doit réaliser, c’est-à-dire suffisamment performant, mais pas surcalibré.
Pour aider les acheteurs à faire le meilleur choix, de nouvelles normes se développent, comme l’Indicateur d’Efficience Énergétique pour les serveurs, infrastructures réseau et data center. 53 % des émissions du numérique proviennent de ces derniers. Cet indicateur mesure l’efficacité énergétique par le rapport entre l’énergie totale consommée et celle utilisée par le matériel en lui-même.
En outre, il est recommandé de choisir du matériel pour lequel il est possible de paramétrer la mise en veille, afin d’adapter le délai à l’activité.
Matériel informatique éco-responsable : la réparabilité
Parce qu’il est souvent bien plus simple et rapide de changer d’appareil informatique lorsqu'il ne fonctionne plus, au lieu de le réparer, cette pratique est désormais trop souvent répandue. Même si cela est tout à fait compréhensible, les mentalités évoluent, y compris chez les fabricants.
Alors que tout était mis en œuvre par le passé pour qu’on ne puisse pas réparer un appareil, certains fabricants permettent désormais une possible réparation, voire l’évolution du matériel (ajout de composants pour rendre plus performant un ordinateur, par exemple).
Depuis le 1er janvier 2021, tous les équipements électroniques, à commencer par le matériel informatique, doivent comporter un indice de réparabilité et indiquer si le produit est facilement réparable ou non en fonction de 5 critères. Ainsi, un appareil éco-responsable possède un indice de réparabilité élevé.
Matériel informatique éco-responsable : un produit reconditionné
Enfin, comme nous le verrons dans ce qui suit, l’acquisition d’un produit éco-responsable s’ancre dans une démarche plus globale. De ce fait, les acheteurs ou décisionnaires doivent prendre conscience de l’importance de s’orienter vers des produits reconditionnés.
Il s’agit d’équipements d’occasion ou de « seconde main », qui sont entièrement remis à jour (nettoyés, vérifiés et réparés) à l’issue de leur première vie. Aussi, ils sont vendus comme neuf. Le reconditionnement est une alternative plus écologique au recyclage des produits. Quand on sait qu’il faut près de 800 kilos de matières premières pour fabriquer un ordinateur (et 500 kilos de plus pour une imprimante), dont des matériaux non renouvelables en voie de raréfaction, on comprend mieux l’enjeu écologique derrière l’incitation au réemploi des produits électroniques.
C'est d’autant plus indispensable que la durée moyenne d’utilisation d’un ordinateur est de 2 à 4 ans. Sans entretien ni mise à jour (ou en conséquence de mises à jour trop fréquentes et sans nettoyage des anciennes versions), les ordinateurs deviennent moins performants, ce qui explique qu'il est coutume d’en changer. Mais, en réalité, une remise à neuf suffit à retrouver toutes les performances de l’appareil, et donc à prolonger sa durée de vie. Doubler le cycle d’utilisation d’un équipement informatique réduit de 50 % son impact environnemental.
Choisir son matériel informatique : une question de bonnes pratiques
Vouloir acheter du matériel informatique éco-responsable pour sa structure (entreprise privée, publique, collectivité, fonction publique, etc.) est une action vertueuse, seulement si elle prend forme dans une démarche plus globale.
Par exemple, vouloir changer tout un parc informatique récent (moins de 4 ans), jugé plus assez performant, par des équipements éco-responsables, serait un non-sens. Bien plus que cela, l’impact environnemental en serait d’autant plus important.
Ainsi, une entreprise se voulant être ENR (entreprise numérique responsable) et œuvrant à la réduction de son empreinte écologique se doit de respecter le principe des 4 R :
- réduire ses achats en gardant son matériel plus longtemps ;
- réparer ses équipements plutôt que les changer ;
- réutiliser ce qui existe déjà en favorisant les achats reconditionnés ;
- recycler ses DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) lorsque le produit est en fin de vie (dépôt en centre de collecte ou chez les revendeurs).
Il est fréquent d’entendre parler de l’obsolescence programmée, sur laquelle les utilisateurs et les acheteurs n’ont malheureusement aucun pouvoir, puisqu’elle provient des fabricants de matériel. Néanmoins, l’obsolescence culturelle, moins connue, est principalement à l’origine d’un renouvellement précoce, mû par une volonté de posséder la toute dernière version d’un logiciel ou le tout dernier modèle d’un ordinateur.
Être numériquement responsable ne signifie donc pas proscrire le numérique, bien au contraire. Il s’agit d’une démarche visant avant tout à promouvoir le numérique et à inciter son utilisation par une consommation raisonnable et raisonnée. Nous avons conscience que la mention de produits reconditionnés peut susciter des craintes, puisque le produit remis à neuf n’est pas, dans les esprits, réellement neuf. Or, généralement, les produits reconditionnés disposent d’une période de garantie, à l’instar des produits neufs.
Les solutions sont multiples et d’autres options peuvent correspondre à certaines situations. Outre l’achat de matériels informatiques, il peut donc être intéressant pour certaines structures ou entreprises de favoriser la location de leurs équipements. C’est ainsi l’assurance de bénéficier d’appareils toujours performants, sans avoir à se préoccuper de leur réparation ni de leur mise à niveau régulière, et encore moins de la gestion de leur fin de vie.
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