Comprendre et identifier l’engagement numérique responsable des industriels IT

Nous entendons de plus en plus souvent parler de "numérique responsable" aujourd’hui, mais qu’est-ce que c'est ?

Il s’agit d’une démarche globale visant à mieux utiliser les technologies de l’information (IT) pour limiter leur impact sur l’environnement. En effet, la dématérialisation des données et des process est tout sauf immatérielle. Elle suppose l’utilisation d’équipements bien réels et toujours plus puissants (ordinateur, serveur, data center, logiciel, stockage Cloud, etc.), et de fait, la consommation d’énergie et de ressources non renouvelables.

L’informatique durable ou le Green IT est devenu un enjeu pour de nombreuses entreprises dans leur politique RSE. Aussi, les industriels IT ont tout intérêt à suivre le mouvement, pour rester compétitifs sur un marché de l’offre et de la demande en pleine évolution.

S’engager dans une démarche éco-responsable n’est plus une opportunité, elle relève davantage d’une nécessité. Faisons le point sur les moyens et actions pour les entreprises du numérique.

Comment les industriels IT peuvent-ils certifier leur engagement numérique responsable ?-1

La responsabilité des industriels IT dans le numérique responsable

Depuis l’arrivée d’internet et de toutes les révolutions qui ont eu lieu depuis (l’internet illimité et haut débit, la 4G, le WiFi, le Cloud, les logiciels externalisés tels que les SaaS, etc.), la circulation de l’information n’a jamais été aussi rapide et intensive. Nous sommes désormais ancrés dans l’ère du Big Data : dématérialisation, immédiateté, surconsommation, collecte et stockage de masse des données, etc.

Mais, ces révolutions n’ont pu avoir lieu qu’en parallèle des grandes avancées technologiques en matière d’équipements, aussi bien en terme de performance qu’en nombre d’appareils aujourd’hui nécessaires. L’impact du numérique est réel, avec entre autres :

  • 4 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans le monde (2 % à l’échelle de la France), chiffre qui devrait atteindre 7 % d’ici 2040 ;
  • 600 kilos de matières premières excavées (dont des terres rares) pour récupérer seulement quelques grammes de minerais servant à la fabrication d’un ordinateur de 2 kg ;
  • 47 % des émissions de carbone de nos équipements qui proviennent de leur fabrication ;
  • une durée de vie pour l'ordinateur divisée par 3 depuis 1985 et qui est de 2 à 4 ans maximum aujourd’hui ;
  • 60 % des DEEE (déchets des équipements électroniques et électroménagers) qui ne sont pas recyclés, et seuls 3 à 8 % de métaux rares recyclés ;
  • etc.

Il ne faut pas non plus rejeter la faute aux industriels IT, sans qui toutes ces innovations n’auraient pu avoir lieu. Bien au contraire, le contexte change et les outils doivent évoluer. Et une fois encore, le secteur du digital peut largement contribuer à solutionner les problématiques actuelles.

Les acteurs IT peuvent apporter des solutions durables quant à la fabrication et au recyclage des équipements, mais aussi concernant l’optimisation de leur durée de vie (obsolescence programmée, réparabilité, réduction de la consommation d’énergie et des ressources, reprise et reconditionnement, etc.). Il faut savoir que si 85 % des ordinateurs peuvent être réparés, la grande majorité ne l'est pas aujourd’hui.

Mais, le secteur du numérique ne concerne pas seulement l’aspect matériel. Les logiciels et services, considérés comme immatériels, ont également une empreinte écologique indirecte importante. En effet, outre la consommation d’énergie évidente, la conception d’un logiciel (services, ergonomie, connexion à distance, stockage Cloud, etc.) conditionne celle des équipements, et notamment la puissance et la technologie nécessaires à leur bon fonctionnement.

Les engagements éco-responsables des industriels de l’IT

Les industriels du digital disposent de plusieurs leviers d’action pour certifier leur engagement en faveur du numérique responsable. Bien qu’il existe également certains labels (label NR ou label Green IT), la mise en place de nouvelles pratiques est aussi une preuve d’engagement.

Un engagement en matière d’éco-conception

Les logiciels et l’évolution permanente et rapide des équipements forment l'une des causes premières d’obsolescence précoce. L’augmentation des besoins en ressources, pour des logiciels toujours plus complets et donc énergivores, contribue au renouvellement accéléré du réseau informatique.

Cette dynamique n’est pas de la responsabilité unique des industriels du digital, car les utilisateurs ont également un rôle à jouer. Moins connue, l’obsolescence psychologique est réelle et incite les consommateurs, au sens large (professionnels et particuliers), à acheter le modèle de dernière génération.

Ce constat est valable quant à l’utilisation d’internet et des services numériques (comme le Cloud), qui représentent pas moins de 2 % des émissions de carbone globales. En effet, chaque requête soumise à un moteur de recherche et chaque utilisation d’un service digital induisent un échange de données plus ou moins important, et donc des émissions de carbone. C’est pourquoi certains moteurs de recherche se sont également lancés dans une démarche écologique, afin de limiter leur impact sur l’environnement.

De plus en plus d’industriels du secteur du digital s’orientent donc vers l’éco-conception de logiciels et de services, c’est-à-dire une utilisation nécessitant moins de ressources. Ainsi, il devient possible d’allonger la durée de vie des équipements du numérique (ordinateur, serveur, smartphone, etc.) tout en minimisant leur consommation d’énergie électrique. Le collectif Green IT a créé le SLI, Software Longevity Index, un indicateur permettant de mesurer et d’indiquer officiellement le développement durable des logiciels. Ainsi, les acteurs IT peuvent certifier de leur engagement à lutter contre l’obsolescence logicielle accélérée.

Ce qui précède demeure valable pour la fabrication des équipements électroniques, grâce à la réduction des besoins en matières premières (métaux précieux, terres rares, eau, etc.) et la régulation des émissions de gaz à effet de serre (notamment liées au transport). Ainsi, davantage d’entreprises IT se lancent dans une politique de reprise des anciens équipements, afin de le reconditionner pour leur offrir une seconde vie.

Comment les industriels IT peuvent-ils certifier leur engagement numérique responsable ?-2

Un engagement en matière de réparabilité et de réemploi des EEE

Pour faire suite à ce qui précède quant à l’allongement de la durée de vie des équipements, et dans le but de réduire la surconsommation et l’impact sur l’environnement lié à la fabrication, parlons à présent de la réparabilité et du réemploi des équipements électroniques et électroménagers (EEE). 

Depuis le 1er janvier 2021, tous les nouveaux EEE doivent indiquer un indice de réparabilité permettant d’identifier le niveau de réparation possible et de longévité d’un appareil.

En outre, de plus en plus de fabricants ou revendeurs d’équipements travaillent à la reprise des appareils, soit pour les remettre à neuf et les revendre comme produits reconditionnés, soit en gérant leur recyclage. Ce dernier point permet de récupérer tous les composants pouvant être réutilisés pour la fabrication ou le reconditionnement d’équipements éco-conçus.

L’éco-conception des appareils, des logiciels et des services du secteur du digital au sens large (fabrication, réemploi, réparabilité, gestion des DEEE, etc.) est une preuve d’engagement, permettant aux décideurs et services d’achats de s’orienter vers des outils numériques responsables. Tous ces engagements sont repris par le label NR fondé en co-concertation de France IT et de l’Institut du Numérique Responsable (INR). Il s’agit d’un référentiel adapté à l’activité de toutes les entreprises IT, qu’importe leur taille.

Même s’il n’est pas nécessaire de se labéliser pour prouver ses engagements NR (numérique responsable), un label permet néanmoins aux entreprises du numérique de certifier leur volonté écologique au-delà du déclaratif, et de se faire connaître et reconnaître auprès de leurs clients. Être labélisé devient alors un avantage concurrentiel et offre une garantie d’un certain niveau d’exigence (utilisation, moyens, impact sur l’environnement, information des acheteurs, etc.) dans un marché en pleine mutation.

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