Achats solidaires, quelle histoire et quelle définition ?

Les achats restent un paramètre capital pour toutes les entreprises ou structures qui font partie d’un écosystème donné. Savoir acheter, c’est maîtriser la première étape d’un processus devenu le fondement d’une entreprise. Il faut toutefois revenir sur l’histoire des achats pour mieux saisir leur portée au travers des différentes périodes.

Les achats ont toujours incarné les ambitions de la politique d’une entreprise. En analysant les pratiques des acheteurs d’une société ou d’une entreprise sur un marché, on peut aisément en dégager une philosophie et un état d’esprit, voire en déduire les objectifs recherchés.

Les pratiques évoluent avec le temps, et le développement de nouvelles préoccupations (environnement, valorisation de l’emploi, produits responsables, etc.) s’impose dans les stratégies d’achats. Elles viennent nuancer les positions ancestrales des acheteurs, que l’on imagine, à tort ou à raison, résolument tournées vers le seul profit. De nouvelles catégories d’achats (tels que les achats éco-responsables) voient ainsi le jour.

Décortiquons le principe des achats solidaires pour mieux comprendre ses ressorts et impacts.

Que sont les achats solidaires ?-1

Les achats au travers du temps et leur nouvelle dynamique solidaire

L’évolution des achats, au sein des relations fournisseurs et clients, transforme l’ancien schéma purement économique vers une organisation plus vertueuse et durable.

Impératifs coûts, délais et qualité, une vision bientôt dépassée

Bien longtemps, les achats furent considérés comme le seul outil d’optimisation des profits, permettant d’acheter au moins cher. Cette vision trop simpliste s’est rapidement vue étoffée par l’insertion de critères autres, comme le sont ceux du délai et de la qualité. Cette dernière a d’ailleurs pris une place prépondérante lors des deux dernières décennies, avec la mise en place de labels visant à encadrer la qualité des produits ou des services achetés.

Un service des achats désormais tourné vers une responsabilisation globale

Depuis la loi du 31 juillet 2014, l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) encadre les activités économiques de plusieurs agents (entreprises, coopératives, associations, grands groupes ou PME, etc.) au sein d’une démarche socialement, économiquement et environnementalement responsable.

C’est la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) qui s’impose peu à peu comme le nouvel enjeu des acteurs, et ce, dans les multiples écosystèmes de notre économie. Le but de chaque secteur ? Intégrer la responsabilité de chacun auprès de tous les acteurs partageant son écosystème. Désormais, la vision responsable ne s’applique plus uniquement à l’entité concernée, mais s’étend aux partenaires que sont :

  • les clients ;
  • les fournisseurs ;
  • les entreprises sous-traitantes ;
  • les travailleurs ;
  • etc.

Application et focus sur le volet social

Le mot « solidaire » prend tout son sens au sein de l’ESS, qui rassemble l’ensemble des mesures d’insertion au travail pour les populations y ayant difficilement accès. Celles-ci permettront par ailleurs à l'entreprise d’accéder au volet socialement solidaire de sa politique.

Concrètement, le fait de recourir à une main d’œuvre ayant difficilement accès à l’emploi relève d’une démarche d’achat solidaire. C'est ainsi le cas :

  • du personnel ESAT (Établissement ou Services d’Aide par le Travail) ;
  • du personnel CAT (Centres d’Aide par le Travail) ;
  • des demandeurs d’emploi de longue durée ;
  • des personnes en situation de handicap ;
  • des jeunes non diplômés ;
  • des seniors ;
  • etc.

Les années passées et l’évolution des différents marchés (en France comme à l’international) ont montré avec force l’impact réel et lourd auquel pouvait aboutir une démarche d’achat non solidaire. Et c’est précisément la limitation aux seuls critères de prix, de délais et de qualité des politiques d’achats non socialement responsables, qui a conduit à dégrader l’ensemble du tissu économique des nations industrialisées.

Une prise de conscience s’est donc instaurée peu à peu. Le rôle social et la responsabilité vertueuse des entreprises sont apparus comme inévitables. Parce que l’ensemble des travailleurs contribue au dynamisme d’un marché, il serait paradoxal d’en exclure certains éléments pour de mauvaises raisons, sous peine d’impacter négativement ce même marché.

Les achats solidaires, une dimension géographique

La vision étriquée de la course au tarif pour une politique d’achats performants a souvent mené à des non-sens écologiques et économiques.

Par exemple, pour quelques centimes par unité achetée, on pouvait aisément faire appel à des fournisseurs éloignés, en se disant que le transport était couvert par le bénéfice financier à court terme. Et cela, sans considération de la raréfaction de certaines ressources, ni de l’impact de cette activité sur l'écosystème. Le deuxième impact négatif de telles pratiques se traduit par la disparition des savoir-faire au sein des territoires évoqués.

Désormais, les choses changent. Les entreprises, les pouvoirs publics et tous les acteurs conscients des enjeux présents réagissent, et l’application d’une loi, d’une charte, d’un label, etc. vise à renforcer la responsabilité de la solidarité d’une entreprise, d’une administration ou d’une association au sein de l’économie à laquelle elle appartient.

De plus, des intermédiaires permettent désormais l’interconnexion entre ces différents acteurs d’un même secteur économique. Facilitateurs de mise en relation, ils remplacent peu à peu le chaînon manquant à cette économie et redonnent du sens aux actions, en incluant l’éthique et l’aspect responsable des acteurs qu’elle regroupe.

Que sont les achats solidaires ?-2

L’avenir des achats solidaires dans une économie tournée vers demain

L’ère du système économique qui faisait du profit une fin en soi nous a amenés à reconsidérer tous les aspects de nos modes de production et de consommation. Toutes les étapes de ces processus sont apparues avec leurs limites et leurs enjeux à venir. Les achats, ne faisant pas exception à la règle, sont ceux qui incarnent le mieux cette insertion nécessaire des nouveaux critères de l’ESS.

Plus qu’une tendance, c’est une stratégie qui doit en découler, afin de garantir la pérennité de nos écosystèmes et marchés, tout en assurant l’optimisation des notions de solidarité et d’entraide entre les différents protagonistes. Toute entreprise qui souhaite négocier le virage social et économique de demain se doit de prendre conscience de tels enjeux dès aujourd’hui.

Le 17 juin 2021, le gouvernement a annoncé que les fonds de réemploi seraient intégralement reversés aux acteurs de l’ESS. De grands groupes internationaux ont d’ores et déjà intégré des politiques d’achats solidaires. Ce n’est donc pas une mode, mais un engagement nécessaire, qui saura profiter aux entreprises ayant su l’intégrer dans leur vision à long terme.

Nous vous recommandons ces autres pages :