Guide pratique des achats numériques responsables

La gestion de l'approvisionnement est un levier de développement majeur pour les entreprises, comme le démontre notre guide complet des achats responsables. Tous les acteurs des marchés publics ou privés, en commençant par les acheteurs et les fournisseurs, sont impliqués dans les enjeux du développement durable.

La transition écologique est indissociable de la transition numérique : les achats numériques responsables sont donc l'une des clés du progrès vers un mode de consommation plus respectueux de l'environnement.

Ces achats responsables appliqués au numérique s'inscrivent dans la politique RSE des entreprises, et visent à réduire l’empreinte environnementale, économique et sociale des technologies de l'information et de la communication (TIC). Définitions, principes, acteurs, enjeux ou encore réglementation : voici notre guide pratique des achats numériques responsables.

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Définition du numérique responsable

Le numérique responsable représente un ensemble d’actions mises en œuvre par les entreprises, collectivités ou organisations pour contribuer au développement durable. Toutefois, cela n’implique en aucun cas la proscription du numérique en entreprise. Il s’agit d’encourager l’achat et l’utilisation d’outils numériques ayant le plus faible impact possible sur l’environnement.

Selon son niveau d’engagement dans les achats numériques responsables, l’entreprise peut :

  • revoir toute sa politique d’achats ;
  • former ses équipes et communiquer sur les enjeux du numérique responsable ;
  • maîtriser le cycle de vie des équipements électriques et électroniques (EEE) ;
  • maîtriser le stockage des données ;
  • évaluer et réduire son empreinte (environnementale, sociale) ;
  • etc.

Si l’entreprise est le sujet ici, il n’en reste pas moins important de considérer l’implication de tous les acteurs dans cet objectif de responsabilisation du numérique, et ce, à toutes les échelles (TPE, PME, pouvoirs publics, collectivités, particuliers, etc.).

Régulation du numérique responsable

La régulation du numérique responsable est indispensable au vu de la pluralité d’acteurs et de la multitude d’actions de vente et d’achat.

Il existe des organisations qui s’occupent de réguler le numérique responsable, notamment regroupées au sein de la communauté Green IT. Si de nombreux écolabels publics ou privés et certifications sont accessibles aux entreprises (écolabel européen, TCO, Blue Angel, Energy Star, etc.), la régulation du numérique responsable est surtout marquée par le label NR (Numérique Responsable). 

Le label NR a été créé en 2019 par l’Institut du Numérique Responsable (INR), en partenariat avec le Ministère de la Transition Écologique, l’ADEME, la FING et WWF, et est aujourd’hui géré par l’Agence LUCIE, un organisme de labellisation depuis 2007.

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Les enjeux environnementaux, sociaux et économiques du numérique

Le numérique voit son empreinte écologique constamment alourdie par de nombreux facteurs, à savoir :

  • la consommation d’énergie en hausse chez les particuliers et les entreprises ;
  • la mauvaise gestion de la fin de vie des EEE ;
  • l’épuisement des ressources non renouvelables (pétrole, charbon, etc.) ;
  • la hausse des émissions de CO² et autres gaz à effet de serre ;
  • etc.

D’après les données fournies par le Ministère de la Transition Écologique, l’empreinte environnementale du numérique est représentée à plus de 75 % par la phase de production des équipements liés au numérique (ordinateurs, téléphones, imprimantes, etc.). Il devient alors essentiel de rendre le numérique plus responsable à l’échelle de la Direction des Systèmes d’Information (DSI), notamment par le biais des achats.

Les achats numériques responsables sont un sujet complexe, mêlant deux enjeux majeurs auxquels il convient de répondre : à savoir la maîtrise de l’empreinte écologique du numérique et l’utilisation du numérique en faveur de la transition écologique.

La mission des entreprises est donc plurielle au vu des enjeux environnementaux du numérique. Elle inclut l’achat d’équipements dont la production a le moins d'impacts possible sur l’environnement, suivi de pratiques responsables liées à l’utilisation des EEE (consommation électrique, choix des consommables, choix du navigateur, etc.).

Conseils pratiques pour l’intégration du numérique responsable dans sa politique d’achats

En tant qu’acheteurs, les entreprises doivent se poser les bonnes questions avant d'intégrer le numérique responsable dans leur politique d'achats, en y incluant également leurs fournisseurs (constructeurs ou distributeurs).

Choisir du matériel informatique et des consommables éco-responsables

Les achats numériques incluent les achats de matériel informatique et de consommables.

En ce qui concerne le matériel informatique (ordinateurs, écrans, téléphones, etc.), il convient pour les différents acteurs de considérer :

  • la consommation d’énergie de l’équipement (phase d’utilisation, phase de veille) ;
  • la durée de vie des produits ;
  • la nature des matériaux qui les composent ;
  • la recyclabilité des EEE ;
  • la labellisation ou certification des produits ;
  • la garantie des composants ;
  • etc.

Dans cette démarche éco-responsable, on préférera donc le matériel reconditionné ou d’occasion au matériel neuf. Cela permet de prolonger la durée de vie des EEE. Si le choix se tourne vers un matériel neuf malgré tout, il faudra alors impérativement choisir un matériel économe en énergie, et surtout durable, de préférence labellisé pour être assuré de sa qualité.

Une autre alternative à l’achat de matériel neuf peut être la location d'EEE. Cette solution s’avère particulièrement bénéfique d’un point de vue budgétaire, mais n’est pertinente que dans le cas d’une politique de renouvellement des EEE plutôt courte. La location permet un moindre impact environnemental, en favorisant l’usage plutôt que le bien matériel.

Dans le cas particulier des imprimantes et de leurs consommables (cartouches d'encre), et pour une démarche numérique éco-responsable, il faut privilégier l’utilisation d’encres végétales, ou du moins à longue durée. On préférera également l’usage d’un papier certifié FSC ou PEFC. La possibilité de reprise par un fournisseur est un avantage à rechercher, de même que pour tout autre équipement.

Il s’agit là de préoccupations environnementales, mais il conviendra également de prendre en compte des facteurs sociaux et économiques.

Choisir des logiciels durables en se référant au Software Longevity Index (SLI)

Toujours dans cette optique de numérique responsable, il est essentiel de choisir des logiciels durables, l’obsolescence logicielle étant la première raison de changement de matériel en entreprise.

Pour évaluer la durabilité d’un logiciel, il est alors possible de se référer à l’indicateur SLI, de l’anglais Software Longevity Index.

Quelques bonnes pratiques du numérique responsable en entreprise

Outre les spécificités liées à l’achat d’EEE, il faut aussi considérer les bonnes pratiques du numérique responsable en entreprise.

Réduire la consommation électrique des ordinateurs

Même lorsqu’il est en veille, un ordinateur consomme de l’énergie (jusqu’à 40 % de sa consommation en phase d’utilisation). Il est alors indispensable d’éteindre les ordinateurs et les écrans en dehors des phases d’utilisation, voire d’éteindre l’interrupteur d’alimentation. En outre, le mode « avion » et le mode « économie d’énergie » doivent être activés dès que l'occasion se présente. La luminosité doit aussi être limitée tant que possible.

Ces réflexes d’utilisation permettront de limiter les pertes d’énergie, en plus de faire des économies sur la facture d’électricité.

Limiter les impacts environnementaux des impressions en entreprise

Dans une démarche de numérique responsable, plusieurs bonnes pratiques doivent être adoptées pour l’impression de documents en entreprise :

  • imprimer en recto-verso ;
  • utiliser un format standard pour éviter les chutes de papier ;
  • imprimer uniquement les éléments utiles (éviter les pubs, les images) ;
  • limiter la qualité d’impression pour réduire la consommation d’encre ;
  • choisir des cartouches économes ;
  • privilégier la technologie laser plutôt que le jet d’encre ;
  • débrancher son imprimante en dehors des phases d’utilisation.

La réglementation de la gestion des DEEE

La démarche de numérique responsable inclut également la gestion de la fin de vie des EEE. Tous les acteurs impliqués dans la fabrication, la vente et l'achat d'un produit se doivent donc de connaître la réglementation pour la gestion des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques).

Le cadre légal de la gestion des DEEE a été instauré dans les années 2000, notamment avec une suite de directives européennes. Depuis 2005, le tri, la collecte et le traitement des DEEE d'entreprises sont obligatoires selon la réglementation française et européenne.

La gestion des DEEE est à la charge de l'entreprise utilisatrice s'il s'agit d'un équipement mis sur le marché avant 2005. En revanche, c'est le constructeur qui en est chargé dans le cas d'EEE mis sur le marché après 2005. Ce fournisseur peut néanmoins décider de faire appel à un éco-organisme pour assurer la gestion des DEEE.

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