Les achats équitables, plus qu’une mode, un écosystème

Il existe plusieurs catégories d’achats éco-responsables, tout comme il existe une notion d’achats responsables et équitables. La différence réside dans la spécialisation du premier vis-à-vis de l’environnement, alors que le second sous-entend une plus vaste étendue, incluant la prise en compte des produits, des producteurs, des critères de marché, du respect de la loi, mais aussi des consommateurs.

Afin de mieux appréhender un sujet aux multiples ramifications, il faut déjà se référer à sa définition que nous verrons en premier lieu. Puis, nous essaierons d’en tracer les contours en étudiant ce que le mot "équitable" signifie au quotidien, et comment les entreprises et acheteurs intègrent ces notions dans leur modèle économique.

Enfin, comme tout système, des limites sont à observer. Les achats responsables, nous le verrons, possèdent en effet des contraintes, et les principes issus du développement équitable ne s’appliquent pas partout ou en tout temps sans difficulté.

Que sont les achats équitables ?-1

Un achat équitable, une définition claire et actée

Les achats équitables font partie du commerce équitable ("fairtrade" en anglais), qui a lui-même été défini par la FINE (regroupement des principales organisations du commerce équitable).

Pour résumer, le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dans l’objectif d’une plus grande équité dans le commerce mondial. Cela s’inscrit donc dans le développement durable pour les modes de production et doit garantir les droits des différents acteurs, qu'il s'agisse :

  • des producteurs ;
  • des artisans ;
  • des paysans ;
  • des travailleurs.

De plus, il existe une notion de promotion du commerce équitable, incitant les consommateurs et les entreprises à promouvoir ces valeurs dans le monde entier, afin de corriger les dérives du commerce traditionnel.

Ce sont plusieurs valeurs qui se conjuguent au sein d’une même démarche vertueuse, pour un commerce qui cherche la stratégie du gagnant/gagnant, afin d’établir un échange durable entre les travailleurs, producteurs et consommateurs. Le tout est d'y inclure chaque intermédiaire, avec en toile de fond la qualité du produit.

L’achat équitable doit donc répondre à ces exigences pour se prévaloir d’un tel adjectif.

Qu’est-ce qui rend un achat équitable ?

De nombreux pays ont d’ores et déjà adopté les qualités et les réflexes des achats équitables, et des labels sont venus encadrer ce marché pour donner des repères aux professionnels qui y travaillent.

Par exemple, la FLO (Fairtrade Labelling Organizations) regroupe toutes les organisations à même de proposer, répertorier, encourager et labelliser les démarches d’achats équitables. Parmi elles, le label français Fairtrade (Fair = équitable et Trade = commerce) de Max Havelaar et son logo aisément identifiable, qui incarnent les valeurs du commerce équitable (et donc des achats équitables). Il assure au consommateur que le produit qu’il achète est solidaire pour tous les acteurs, de la production à la consommation, ainsi que pour tous les intermédiaires.

Le label, une manière d’être sûr d’acheter de manière équitable

Pour un acheteur qui cherche à s’inscrire dans une démarche équitable, il n’est pas toujours évident de savoir s’il choisit le bon fournisseur. De même, il n'est pas évident de savoir où, comment et dans quelles conditions a été produit un café venu d’Amérique du Sud, surtout lorsqu'on est acheteur en France. À ces incertitudes, le label offre une vraie réponse, puisqu'il assure que :

  • les producteurs et travailleurs ont été correctement rémunérés ;
  • les conditions de travail sont décentes ;
  • l’environnement est respecté ;
  • etc.

Le prix d’un produit labellisé est en général plus élevé (comme tous les labels), mais il permet de valider une méthode et une éthique, qui, plus qu’une préférence, doivent répondre à un réel engagement de l’acheteur équitable.

Ce que le mot "équitable" impose à un acheteur qui doit revoir certains codes

Le prix n’est plus l’unique critère de choix des consommateurs sur de nombreux produits. Désormais, grâce à l’information immédiate, ainsi qu’au caractère international des échanges commerciaux, le client sait ce qu’il achète. Il souhaite donc de plus en plus être acteur d’un marché plus vertueux et plus juste.

En boutiques, il n’est pas rare qu’un produit plus cher, et possédant un label (bio, commerce équitable, qualité AOP, etc.), soit préféré à un produit non labellisé et pourtant moins cher. Un acheteur qui se veut équitable doit donc intégrer que le prix est de moins en moins l’unique critère. Il doit en conséquence changer les anciens codes et réflexes pour mieux laisser la place aux critères qualitatifs, qui ne sont pas seulement intrinsèques aux produits, mais également à son environnement.

Aujourd’hui, plus de 8 Français sur 10 connaissent le terme "commerce équitable" et 58 % d’entre eux assimilent ce terme à une qualité supérieure du produit. Un acheteur n’est donc pas insensible à une telle notion.

Que sont les achats équitables ?-2

Achats équitables, quelques limites qui dépassent le cadre d’un marché

Sur le papier, rien ne peut s’opposer à un achat équitable, car lorsqu'on souhaite amorcer un cercle vertueux, rien ne devrait pouvoir empêcher les acteurs économiques d’y parvenir. Cependant, par nature, des limites apparaissent, et un achat équitable reste parfois compliqué à réaliser.

Les limites environnementales

La plupart du temps, c’est le critère du respect de l’environnement qui est le plus dur à intégrer à un achat équitable. En effet, bien que le travailleur soit correctement rémunéré avec des conditions de travail décentes, il n’en reste pas moins que le respect de l’environnement est compromis par nature.

Par exemple, l’extraction du pétrole fossile qui, bien que nécessaire à des fins très louables, est écologiquement néfaste. L’informatique et les progrès technologiques apportent également des bienfaits au sein de notre écosystème, mais ils nécessitent des matériaux précieux et rares qui produisent une pollution lourde lors de leur extraction.

Les limites géopolitiques

Dans le cadre des grands programmes de dynamisation économique d’un pays ou d’une région du monde, des investissements lourds et conséquents sont effectués pour désenclaver et faire reculer la pauvreté, améliorer le niveau de vie ou l’accès aux soins, etc. Des superstructures et infrastructures sont alors financées et déployées pour assurer le développement de la zone. Malheureusement, des conflits armés ou des changements de régime politique viennent parfois changer la destination ou la propriété de ces structures, à des fins moins vertueuses.

Un achat responsable est donc un achat réfléchi, étudié et résolument tourné vers les autres, ainsi que vers l’avenir.

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