Impact environnemental du numérique : quels sont les enjeux ?
Monde virtuel, digital, cloud ou encore intelligence artificielle, le vocabulaire du monde numérique ferait presque croire que nous évoluons dans un univers complètement dématérialisé, 100 % propre, sans aucune conséquence écologique, voire bénéfique pour la planète. La réalité est toute autre évidemment. Bien que certains utilisateurs aient conscience des dépenses énergétiques engendrées par leur matériel informatique, la pollution liée à la construction de ces outils quotidiens et leur recyclage sont peu évoqués.
En quelques années, les smartphones, les ordinateurs et les laptops ont consommé un bon nombre de ressources de la planète, qui, pour rappel, ne sont pas renouvelables. L’utilisation d’internet s’avère également très polluante pour différentes raisons, et les chiffres, lorsqu’ils sont exposés, donnent le tournis. C’est pourquoi la compréhension des enjeux environnementaux du numérique est un premier pas incontournable pour toutes les entreprises en quête de transition écologique, des achats numériques responsables aux pratiques de travail plus respectueuses de l’environnement.
Comprendre les enjeux environnementaux du numérique
La question de l’impact environnemental du numérique est extrêmement complexe à analyser. Depuis les étapes de fabrication du matériel informatique jusqu’à son recyclage, en passant par son utilisation, les nouvelles technologies sont un vecteur de pollution de plus en plus important. Un rapport de la Commission de l’Aménagement du Territoire et du Développement Durable, datant de juin 2020, affiche de façon très claire la croissance inédite du secteur et les enjeux qu’il représente en France :
- 93 % des Français possèdent un téléphone portable en 2017, alors que la durée de vie moyenne d’un smartphone n’est que de 23 mois ;
- la consommation de données mobiles augmente en moyenne de 30 % par an ;
- 60 % du trafic provient du streaming vidéo en France ;
- les émissions de gaz à effet de serre, engendrés par le numérique en France, qui étaient de 2 % en 2019, devraient atteindre 6,7 % en 2040 ;
- au niveau mondial, le numérique représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre en 2019, et ce chiffre pourrait doubler d’ici à 2025 ;
- en 2019, le numérique français aurait produit 15 millions de tonnes de CO2-eq, ou équivalent du CO2, pour un coût collectif évalué à plus d’un milliard d’euros ;
- l’augmentation des émissions de CO2-eq à l’horizon 2040 est estimée à + 60 %, pour atteindre 24 milliards de tonnes de CO2-eq et un coût pouvant avoisiner les 12 milliards d’euros ;
- la fabrication et la distribution des objets numériques utilisés en France sont responsables de 70 % de l’empreinte carbone totale du numérique du pays, contre 40 % au niveau mondial ;
- 80 % du bilan carbone du numérique français est par ailleurs produit à l’étranger, lors de la fabrication du matériel et du stockage des données.
L’empreinte carbone des appareils numériques
Selon la publication "En route vers la sobriété numérique" de l’ADEME, l’agence de la transition écologique, 37 % des émissions de gaz à effet de serre du numérique mondial proviennent de la fabrication des équipements :
- 156 kg de CO2 sont émis sur l’ensemble de la durée de vie d’un ordinateur portable de 2 kg, dont 103 kg pendant la phase de construction, et 588 kg de matières premières sont nécessaires pour sa fabrication ;
- 88 % des Français remplacent leurs smartphones alors qu’ils fonctionnent encore, seuls 10 % d’entre eux sont collectés pour être recyclés, et entre 55 et 113 millions de téléphones portables seraient conservés dans un tiroir par les usagers ;
- 70 matériaux différents, dont 50 métaux, sont nécessaires pour fabriquer un smartphone, alors que les téléphones portables ne contenaient qu’une vingtaine de métaux il y a à peine 10 ans ;
- plus d’un milliard de smartphones ont été vendus dans le monde en 2019 ;
- 48 milliards d’objets numériques seront entre les mains des consommateurs en 2025, soit 5 000 % de plus qu’il y a 15 ans.
Tous les terminaux numériques, les ordinateurs, les laptops et les smartphones reposent sur les énergies fossiles. Les différents métaux qui les composent, qu’ils soient ordinaires ou rares, sont extraits des mines, puis assemblés dans des usines à des milliers de kilomètres, avant d’être transportés vers leurs lieux de vente. Les impacts de cette chaîne de fabrication comprennent l’épuisement des ressources naturelles, la pollution des écosystèmes, l’érosion de la biodiversité, l’accumulation des déchets électroniques difficilement recyclables, voire les guerres civiles, comme à l’est de la République Démocratique du Congo.
La consommation d’énergie provenant d’internet et des data centers
Internet repose principalement sur une infrastructure sous-marine complexe. Début 2020, 406 câbles enfouis au fond des océans du monde entier permettent le bon fonctionnement des réseaux. Le plus court d’entre eux mesure 131 km et le plus long 20 000 km. Ces installations font appel à des équipements lourds et polluants. Elles engendrent également des enjeux financiers et géopolitiques importants. Dans la même publication, l’ADEME relate que :
- 25 % des gaz à effets de serre du secteur numérique proviennent des infrastructures réseau et des data centers destinés à stocker et à traiter les données, comme les mails, les photos ou les vidéos ;
- 38 % découlent directement de l’utilisation des équipements ;
- la distance parcourue par une donnée numérique est de 15 000 km en moyenne ;
- entre 10 et 12 milliards de mails, hors spam, sont échangés par heure dans le monde ;
- chaque mail sans pièce jointe produit 4 g de CO2-eq, tandis qu’avec pièce jointe son bilan carbone grimpe à 35 g de CO2-eq ;
- une simple requête sur Internet produit 6,65 g de CO2-eq, alors que 5,8 millions de recherches sont effectuées chaque minute sur Google en 2021 ;
- au niveau mondial, internet représente quelque 67 millions de serveurs dédiés et près de 1,1 milliard d’équipements réseau, comme les box ADSL et les routeurs ;
- la consommation d’une box, allumée 24 h/24 avec son boîtier TV, équivaut à 7 ordinateurs portables 15 pouces utilisés 8 heures par jour sur une année entière ;
- la 4G consomme 24 fois plus d’énergie que le WiFi et 10 fois plus que la fibre optique ;
- un équipement 5G utilise quant à lui 3,5 fois plus d’énergie qu’une antenne 4G.
Transition écologique : vers une pratique numérique responsable et durable
La prise de conscience des impacts environnementaux des technologies et du web mène naturellement à la recherche de solutions durables. Une alliance entre transition numérique et transition écologique consiste à trouver un équilibre entre les usages, les services, la facture énergétique et le potentiel technique du numérique. Refuser, Réduire, Réutiliser, Réparer et Recycler : la règle des 5 R permet de résumer et de garder en tête les principes fondateurs de la sobriété numérique.
Une démarche "Green IT" a pour objectif de diminuer l’emprise environnementale du numérique, en favorisant un équipement et une utilisation plus sobre des nouvelles technologies :
- limiter le nombre d’équipements dans l’entreprise et investir dans du matériel reconditionné plutôt que neuf ;
- garder les terminaux plus longtemps, en passant de 2 à 4 ans d’usage, la balance environnementale d’un ordinateur ou d’une tablette est ainsi améliorée de 50 % ;
- prendre en considération l’indice de réparabilité, un indice noté sur 10, présent depuis le 1er janvier 2021 sur plusieurs produits, dont les smartphones et les ordinateurs portables ;
- trier et supprimer les mails, nettoyer les listes de diffusion, limiter le nombre de destinataires et le poids des pièces jointes, ou utiliser des sites de dépôt temporaire comme WeTransfer pour le partage de fichiers ;
- favoriser un stockage de données en local et non dans le Cloud ;
- privilégier le WiFi à la 4G ou à la 5G ;
- etc.
Deux labels de référence du numérique responsable peuvent accompagner les entreprises et attester de leurs actions et de leurs engagements. Le label NR, Numérique Responsable, s’adresse à toutes les entreprises qui s’engagent pour un monde plus durable. Le label ENR, Entreprise Numérique Responsable, concerne les entreprises du secteur numérique en particulier, comme les agences web ou les SSII.
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