Intégrer le numérique responsable dans sa politique d’achats
Le numérique responsable a toute sa place dans la politique d’achats des organisations. Au cœur d’une démarche RSE, ce levier est incontournable pour atteindre des performances de développement durable au fort impact.
Pour intégrer le numérique responsable dans sa politique d’achats, il est nécessaire de suivre la réglementation en vigueur sur ces questions. Elle repose sur l’acquisition de produits éco-responsables et le choix de fournisseurs respectant une éthique sociale et environnementale. Une méthodologie s’appuyant sur un processus rigoureux permet la mise en place d’une telle démarche au sein des organisations.
Zoom sur la mise en œuvre de ces pratiques.
Suivre la réglementation en vigueur
Les achats numériques sont encadrés par plusieurs textes de loi. La loi AGEC, la réglementation européenne REACH, la directive européenne RoHS, l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la distribution de la presse (ARCEP), ainsi que certains décrets et directives définissent un cadre autour des achats numériques, qui se composent notamment du matériel informatique, un important polluant.
Dans une démarche tournée vers un numérique responsable, ces textes de loi imposent des obligations aux organisations en ce qui concerne leurs achats. Ces obligations portent sur :
- la gestion des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) ;
- la limitation des substances dangereuses pour la santé humaine et l’environnement ;
- la qualité écologique des produits ;
- l’accessibilité numérique et l’éco-conception ;
- la durabilité des produits numériques.
Si certaines pratiques d’achats sont imposées par le législateur, il est recommandé d’aller plus loin en menant une politique volontariste sur le numérique responsable. D’ailleurs, en 2021, c’est l’une des préoccupations de l’État, qui met en œuvre une stratégie de réduction de l’empreinte carbone du numérique public. Dans cette optique, son dernier Guide pratique pour des achats numériques responsables, publié en avril 2021, fournit aux acheteurs publics toutes les bonnes pratiques nécessaires.
Sélectionner des produits éco-responsables
Une démarche RSE impose de rester attentif à l’impact environnemental de ses produits numériques. Cela implique de prendre en compte le cycle de vie du produit et de favoriser un matériel responsable.
Acheter les produits les moins polluants
Notons que les produits issus du numérique regroupent plusieurs catégories, allant du matériel bureautique aux prestations intellectuelles, en passant par les logiciels.
L’analyse du cycle de vie (ACV) d’un produit ou d'un service permet d’évaluer ses impacts environnementaux de manière globale et sous différents critères. Cette méthode est standardisée par la norme internationale ISO 14040 « Management environnemental – Analyse du cycle de vie — Principes et cadres », complétée par la norme ISO 14044 « Management environnemental – Analyse du cycle de vie – Exigences et lignes directrices ».
Grâce à l’ACV, il est possible de mesurer les effets quantifiables des produits ou des services sur l’environnement, et ce, tout au long de leur durée de vie. Les différentes étapes du cycle de vie d’un produit sont prises en compte, à savoir :
- l’extraction des matières premières énergétiques et non énergétiques nécessaires à la fabrication et à l’assemblage du produit ;
- la fabrication et l’assemblage du produit lui-même ;
- la distribution du produit ;
- l'utilisation du produit ;
- la collecte et l'élimination du produit vers les filières de fin de vie ;
- les différentes phases de transport du produit.
Cette méthode permet ainsi d’évaluer avec précision les impacts environnementaux d’un produit, tout en les comparant avec ses objectifs. In fine, cela permet d’opter pour les produits les plus éco-responsables, qui s’avèrent souvent les plus économiques sur le long terme.
Acheter des produits reconditionnés
Autre option pour réduire son impact environnemental : se tourner vers une offre de produits reconditionnés. L’achat d’un équipement reconditionné plutôt qu’un matériel neuf participe activement au développement durable et à la réduction de l’empreinte carbone. Cette démarche a aussi un impact social, car le reconditionnement est créateur d’emplois, souvent auprès d’un public en situation de précarité. En effet, les structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) sont réputées pour favoriser l’insertion économique des plus précaires dans le secteur du reconditionnement. Opter pour des produits reconditionnés s’illustre donc comme un pilier doublement positif en matière de politique RSE.
Dans une démarche de numérique responsable, la location de matériel est aussi une option intéressante. Elle permet de profiter d’un matériel pour une durée ponctuelle, sans avoir besoin d’acheter un équipement qui sera inutilisé rapidement. Cette solution n’est donc pertinente qu’en cas de politique de renouvellement des matériels relativement courte (3 ans maximum). De plus, l’organisation doit porter une attention particulière au devenir des équipements lorsqu’ils quittent ses services.
Choisir une chaîne d’approvisionnement responsable
L’organisation doit sélectionner attentivement ses fournisseurs, afin de réussir son virage vers un numérique responsable. Ces derniers doivent démontrer leur implication dans une démarche RSE, en ayant des préoccupations sociales et environnementales.
Les préoccupations sociales portent sur des questions relatives :
- à la provenance des produits ;
- au respect du droit du travail international ;
- à l’insertion économique d’un public en situation de précarité ou de handicap.
Au niveau des préoccupations environnementales, les fournisseurs doivent pouvoir fournir les indications suivantes concernant des produits physiques, comme des ordinateurs ou des consommables :
- la garantie de la batterie ;
- la consommation d’énergie ;
- la durée de vie des produits ;
- les informations de réparabilité, de reconditionnement et de recyclabilité ;
- la nature des matériaux ;
- les labellisations existantes.
Avant de s’engager auprès d’un nouveau fournisseur, l’organisation doit poser plusieurs questions pour sonder sa capacité à répondre aux objectifs et enjeux RSE fixés.
Cette action de sourcing doit être menée auprès de 2 catégories de fournisseurs :
- les constructeurs de matériels ;
- les distributeurs.
Parmi les questions à leur poser, on peut ainsi trouver : « Quelle est l’implantation géographique des différentes étapes de production ou d’implantation des services ? » ou encore « Avez-vous déjà mis en œuvre une clause d’insertion par l’activité économique dans le cadre de marchés ? Si oui, quel est votre retour d’expérience ? »
Travailler avec des fournisseurs partageant la même éthique est capital pour réussir à intégrer le numérique responsable dans sa politique d’achats.
Les étapes à suivre pour intégrer une politique d’achats responsables
En interne, l’organisation doit aussi actionner différents leviers pour faciliter l’intégration du numérique responsable dans la gestion de ses achats. Cela passe par les étapes suivantes :
- listing des principaux achats de biens et contrats de prestations liés au numérique ;
- identification des fournisseurs critiques ;
- évaluation du niveau d’intégration de la qualité environnementale dans ses achats et de la marge de progression en utilisant l’ACV ;
- sensibilisation et formation des acheteurs, en leur fournissant les méthodes et outils permettant de choisir les meilleurs produits ;
- validation des critères de sélection et d’évaluation des fournisseurs ;
- sélection des fournisseurs en insérant des clauses spécifiques dans certains contrats ;
- accompagnement des fournisseurs ;
- évaluation des prestations fournies par les fournisseurs.
Ce processus doit s’accompagner d’un pilotage et d’une veille permanente, afin de mesurer les résultats de cette stratégie RSE et de l’adapter aux différents changements de l’environnement.
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