L’insertion d’une politique d’achats responsables en entreprise

Les achats responsables possèdent de nombreuses qualités et l’impact d’une telle démarche d’achat relève plus d’une stratégie que d’une mode ou d’une mise en place seulement opportuniste avec objectifs à court terme.

Les achats responsables induisent des enjeux sociétaux, que ce soit au niveau des entreprises, des travailleurs, des autorités ou même des peuples, selon l’échelle d’application de leurs critères. Mais, après avoir rapidement rappelé ce que sont les achats responsables, intéressons-nous aux effets d’une telle politique au sein d’une entreprise et à ce que cela induit pour tous les partenaires directs et indirects, qui gravitent autour de la vie d’une société y ayant recours.

Découvrez également les limites des achats responsables, mais aussi les actions et outils à appliquer pour ne pas subir certains effets délétères, liés à une maladroite mise en œuvre des pratiques d’achats responsables.

Pourquoi mettre en place une politique d'achats responsables en entreprise ?-1

Les achats responsables en entreprise, une philosophie issue du bon sens appliquée à l’économie

Qu’est-ce qu’un achat responsable ? C’est en fait la combinaison de la responsabilité sociale d’une entreprise, ou d’un groupe, à l’environnement dans lequel il évolue, tout en assurant son développement économique.

Pour mieux le définir, l’achat responsable est l’achat de produits ou de services dont le cycle de vie se révèle plus respectueux de l’environnement, de l’humain et du tissu économique. Cette conception, qui se veut donc durable, est incarnée par la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Il existe d'ailleurs une norme (norme ISO 26000) qui liste les obligations des entreprises souhaitant y contribuer.

Une petite histoire macroéconomique

Le monde évolue, les mentalités également et les enjeux de demain doivent être intégrés aux processus de réflexion des entreprises dès aujourd’hui, pour mieux négocier les risques et opportunités des marchés en perpétuelle mutation. L’Histoire économique nous a appris que la performance d’une entreprise fut longtemps basée sur sa seule gestion financière. Aujourd’hui, cette notion est incomplète, et demain, elle risque même de devenir minoritaire.

La maîtrise de la qualité est venue perturber ce postulat depuis à peu près 30 ans et, désormais, les critères environnementaux comptent de plus en plus dans cette qualité. Les produits ne doivent donc plus seulement être bon marché, mais ils doivent également :

  • être écoresponsables ;
  • favoriser le commerce équitable ;
  • privilégier les fournisseurs en cycle court ;
  • être traçables pour conserver la confiance du client ;
  • etc.

Il n’y a qu’à observer l’apparition des labels, ainsi que leurs objectifs de performance, pour retracer l’histoire des préoccupations des marchés au niveau sociétal et économique.

En quelques décennies, les acteurs de tous les marchés (y compris les marchés publics tels que l’armée, les collectivités, etc.) ont étoffé les critères d’attribution, en reléguant le prix comme une donnée significative, mais plus unique. De l’approvisionnement à la production, de la PME au grand groupe, pour les produits comme pour les services, les entreprises et collectivités ont compris qu’acheter responsable, c’est aussi répondre à une exigence du marché de plus en plus forte.

L’entreprise, le nouveau territoire d’expérimentation

Comme expliqué ci-dessus, une entreprise possède une politique commerciale à but lucratif. Par conséquent, il est légitime et vrai de penser que seule la marge financière compte. Mais, la marge ne détermine pas les parts de marché.

En effet, un produit ou un service peu cher à la vente ne correspond pas nécessairement aux demandes d’un marché donné. Par exemple, le marché de l’automobile sur 20 ans s’est totalement métamorphosé, non pas parce que les marges étaient décroissantes, mais parce que la stratégie des fournisseurs et constructeurs s’est heurtée aux modifications profondes des mentalités et des prises de conscience environnementale liées. Aujourd’hui, un client compare les prix, mais également :

  • la consommation ;
  • le taux de rejet de CO2 dans l’air ;
  • le cycle de déconstruction envisagé ;
  • la provenance des éléments et la géographie de la chaîne d’assemblage ;
  • l’innocuité des matières plastiques et revêtements ;
  • etc.

Les raisons de la mise en place des achats responsables au sein d’une entreprise

C’est donc avant tout une stratégie de positionnement de marché que de considérer les achats responsables au sein d’une entreprise.

Inutile de chercher à vendre un produit fabriqué très loin de son lieu de consommation, chez des fournisseurs qui exploitent honteusement leurs travailleurs, tout en détruisant l’environnement à grands coups de produits chimiques aisément remplaçables, surtout si la clientèle est un citoyen averti qui se fournit dans des magasins spécialisés (type coopérative bio, etc.). Ce serait évidemment une énorme erreur de ciblage et la responsabilité des achats y serait flagrante.

Désormais, les étapes sont claires.

  1. Bien cibler sa clientèle et connaître ses besoins.
  2. Établir le cahier des charges qui en découle.
  3. Trouver les fournisseurs et partenaires qui sauront respecter ce cahier des charges.
  4. Conquérir le marché et le consolider en veillant en permanence, pour suivre les évolutions du marché sur lequel l’entreprise est positionnée.

Une telle démarche permettra donc de :

  • connaître les clients ;
  • maîtriser les achats en fonction des attentes du marché ;
  • véhiculer des valeurs propres à l’entreprise tout en optimisant les parts de marché ;
  • communiquer sur des projets ou des évènements grâce à une politique d’achat responsable ;
  • etc.

Pourquoi mettre en place une politique d'achats responsables en entreprise ?-2

Des limites peu nombreuses qu’il faut intégrer comme des menaces de marché

Bien que socialement vertueuse et économiquement opportune, la stratégie d’achats responsables possède des limites qu’il faut définir.

Ainsi, faire appel à un atelier spécialisé type ESAT est une démarche qui possède un sens responsable, mais si cet atelier ne peut assurer les compétences de main d’œuvre ou s’il est géographiquement très éloigné, le gain en termes d’image est-il supérieur à la perte en qualité et aux surcoûts du transport ? De même, vendre un moteur qui n’utilise pas d’énergie fossile et qui fonctionne à l'huile végétale est louable, mais s'il est nécessaire de planter des hectares de tournesol en lieu et place d’une forêt pour son fonctionnement, la crédibilité initiale du projet est alors compromise.

Il appartient à chaque entreprise de définir sa stratégie d’achats responsables au regard de ses objectifs sur un marché donné, mais il ne faut jamais oublier qu’une stratégie d’entreprise se veut résolument tournée vers le profit. La seule différence désormais est que le profit ne se cache plus uniquement derrière le seul prix, mais qu'au contraire, il se décline en autant de facettes qu’il existe de préoccupations de la part des clients. L’équation reste donc la même, elle est juste plus complexe.

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