Software Longevity Index : comment s'en servir pour choisir des logiciels plus écologiques ?

Face à l'obsolescence programmée et à la rapidité d'évolution des nouvelles technologies, intégrer le numérique responsable dans sa politique d'achats peut sembler être un réel défi. Mais, parallèlement, les outils numériques présentent aussi un potentiel très intéressant pour une meilleure gestion de son impact environnemental. À condition toutefois de savoir bien les choisir et d'en faire bon usage.

Fort heureusement, plusieurs indicateurs ont vu le jour pour aider les entreprises à trouver des solutions plus écologiques pour leur matériel informatique, leurs serveurs, leurs réseaux et leurs logiciels. Parmi eux, on compte le Software Longevity Index (SLI), né dans les années 2010. Comment le comprendre ? Comment en faire une utilisation appropriée et un critère dans un projet éco-responsable ? C'est ce que nous allons vous expliquer en détail dans les lignes qui suivent.

Comment privilégier des logiciels durables grâce au Software Longevity Index (SLI) ?-1

Qu'est-ce que le Software Longevity Index ?

Pour être capable d'utiliser le SLI, il faut dans un premier temps comprendre de quoi il s'agit et ce que sont les données nécessaires à sa mise en place. Faisons donc un focus sur l'apparition de cet indice et son fonctionnement.

Les origines du SLI

Le Software Longevity Index se traduit par « Indicateur de Durabilité Logicielle », selon les propres termes de son créateur. Il a été mis en place en 2011, par la communauté Green IT (« Information Technology »). Il s'agit d'un groupe rassemblant des experts dans le secteur du numérique et de la conception responsable, ainsi que des acteurs très divers souhaitant prendre part à une réflexion sur le développement durable et à des projets éco-responsables.

C'est dans ce cadre, après avoir constaté que l'obsolescence des logiciels représentait une part considérable de l'impact environnemental dans le monde du numérique, que l'idée d'un indice de durabilité est apparue comme une piste de recherche et une solution intéressante. 

Le mode de calcul de l'indice de longévité

Le Software Longevity Index se base sur 2 principes assez simples :

  • un logiciel est remplacé lorsque le support technique n'est plus assuré par le fournisseur de services ;
  • un logiciel qui nécessite une grande puissance (et de plus en plus de ressources au fil des mises à jour) conduira à un remplacement du matériel devenu inadéquat ou à un changement de logiciel. 

Green IT a donc décidé d'utiliser 3 facteurs en lien avec ces constats, pour créer une formule de durabilité logicielle :

  • la durée du support standard (L), exprimée en années ;
  • la puissance requise pour le fonctionnement du programme (P), calculée en multipliant la fréquence en MHz, la mémoire vive en Mo et l'espace disque en Mo, le tout divisé par 1024 ;
  • le nombre d'années entre la sortie de deux versions successives du logiciel (D).

Le calcul final se présente sous la forme suivante : SLI = [(Pn/Ln) / (Pn-1/Ln-1)] / D. On obtient alors un indice, c'est-à-dire un chiffre sans unité de mesure. Plus ce chiffre est bas, meilleur est l'indicateur du point de vue de la durabilité.

Ici, il s'agit donc de mesurer l'évolution entre deux versions d'un même logiciel, par exemple entre les différentes mises à jour du système d'exploitation Windows, d'une suite bureautique, d'un programme de comptabilité, etc. Mais, il est aussi possible d'utiliser des données de plusieurs logiciels concurrents sur le marché, pour en comparer la durabilité. Ce calcul peut aussi bien s'appliquer à des solutions propriétaires qu'à des projets open source, ainsi qu'à des services hébergés sur le Cloud, comme à des programmes installés sur le propre système d'information de l'entreprise.

Comment lire et évaluer le SLI d'un logiciel ?

Maintenant que l'on en sait un peu plus sur la manière dont est établi l'indicateur, il reste à déterminer de quelle façon l'utiliser pour mieux choisir ses logiciels. Comme évoqué précédemment, un bon SLI est un SLI bas. Mais à partir de quelle « note » peut-on considérer un programme comme étant durable ? En réalité, on ne peut pas se baser uniquement sur le chiffre obtenu pour dire qu'un logiciel sera plus durable qu'un autre. L'idée est de réaliser des comparaisons.

Par exemple, au moment de décider quelle version d'un système d'exploitation choisir (Windows, Linux, Mac Os, etc.) ou pour savoir s'il serait pertinent de faire une migration, il va falloir calculer les SLI de chacune d'entre elles. On va alors être capable de voir entre quelle et quelle version de réelles améliorations ont été réalisées quant à la durabilité (les améliorations notables correspondant aux indices les plus bas). Le SLI et les données qu'il utilise deviennent alors un outil d'aide à la décision, en permettant de répondre à diverses questions : mon logiciel actuel est-il durable ? Serait-il pertinent de passer à la version suivante ou est-il plus judicieux d'attendre la sortie d'une nouvelle mise à jour ? Mon matériel actuel dispose-t-il d'une puissance suffisante pour faire fonctionner correctement le logiciel que je m'apprête à installer ? Etc.

Comment privilégier des logiciels durables grâce au Software Longevity Index (SLI) ?-2

Le SLI permet-il vraiment de réduire son impact écologique ?

Grâce au Software Logiciel Index, l'idée est de limiter le renouvellement des services logiciels, car ils sont source de pollution numérique. En effet, plus les logiciels sont durables, moins la fréquence à laquelle ils devront être remplacés sera élevée. On peut donc affirmer que l'utilisation de cet indice offre une solution pour limiter directement son impact environnemental en luttant contre l'obsolescence rapide. La durabilité est d'ailleurs au cœur des discussions pour un monde plus éco-responsable, car en France, un projet d'indice est en cours pour les produits de consommation courante, ainsi que pour les équipements et technologies utilisés par les entreprises.

Cela représente aussi un atout sur le plan financier : moins d'achat de licences logicielles ou de souscriptions à des services sur le Cloud, c'est aussi moins d'argent dépensé.

De plus, l'indicateur de durabilité logicielle a l'avantage d'être facile à calculer et ne requiert que peu de données, qui sont par ailleurs objectives. En tant que particulier, petit entrepreneur, grande société ou responsable de la gestion du numérique auprès des services publics, tout le monde est ainsi capable de déterminer le SLI des logiciels qui l'intéressent.

Pour autant, ces avantages sont à relativiser. Le Software Longevity Index n'est pas une solution miracle pour réussir à mettre en œuvre un projet numérique plus responsable. D'abord, il faut savoir que les données requises ne sont pas toujours accessibles, notamment en ce qui concerne la durée du support technique. Cela vient soit du fait que les éditeurs refusent de les communiquer, soit du fait qu'ils ne savent pas eux-mêmes jusqu'à quelle date ils proposeront des services de support pour les projets qu'ils ont développés. Et ce n'est pas un détail, car il devient alors impossible de calculer l'indicateur de durabilité.

Enfin, il ne faut pas oublier que d'autres critères et outils ont leur place dans le choix de solutions logicielles pour des projets de développement durable. D'autres questions doivent alors se poser : le programme propose-t-il des fonctionnalités dont l'entreprise n'a pas besoin et dont on pourrait se passer ? La plateforme logicielle est-elle en mode propriétaire ou open source, et donc plus écologique ? Toute mise à jour sera-t-elle obligatoire et nécessaire ? Autant d'éléments à mettre en lien avec le SLI, afin d'opter pour des logiciels plus écologiques.

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